
Euphorie, doutes, frustration, acclimatation, motivation, espoir… l'expatriation peut faire ressentir une foule d'émotions parfois contradictoires. Quitter son pays, ses attaches, pour s'établir ailleurs n'a rien d'anodin. Comment vivre ces différentes phases émotionnelles ?
Les 4 saisons de l'expatriation
On connaît bien les 4 phases (ou 4 saisons) de l'expatriation. Chacune est susceptible d'influer sur le cheminement de l'expat.
La lune de miel estivale
C'est l'état d'esprit de l'expat fraîchement arrivé dans le pays d'accueil. Émerveillé, il voit surtout les points positifs du pays étranger (un peu comme un touriste). Plus observateur qu'acteur, il peut avoir tendance à idéaliser le pays d'accueil. C'est « l'été » ou la phase de « lune de miel ». Mais cela dépend évidemment des pays. Une personne qui s'installe dans une île tropicale, comme l'île Maurice, peut se retrouver rapidement désenchantée par la saison des pluies pouvant entrainer des calamités naturelles (pluies torrentielles, inondations, entre autres).
Le choc culturel ou le brutal hiver
L'expat quitte progressivement son vêtement de touriste pour tenter de revêtir celui du local. Mais il ne maîtrise pas encore les codes du pays étranger ; les contraintes sont encore plus fortes s'il ne parle pas la langue. Frustré, il rencontre ses premières difficultés. Au travail, à l'université, dans les administrations, dans ses relations avec les autres, etc. L'hiver vient subitement et refroidit sa motivation. Il peut ressentir de la frustration, du stress, de l'anxiété. Il se sent seul, perdu, déboussolé. C'est le fameux « choc culturel », ou la phase de crise, pouvant entrainer ce qu'on appelle le « trouble affectif saisonnierÌý».ÌýCe phénomène est assez récurrent auprès des expatriés dans les pays nordiques, ou encore en Amérique du Nord.
La bonne routine automnale
Heureusement, une crise est par définition temporaire. Les défis de l'expatriation ne bloquent plus l'étranger, mais le motivent. Il comprend mieux les codes du pays d'accueil, se familiarise avec la langue et la culture. Il retrouve des plaisirs simples, fréquente des lieux qu'il aime : il prend ses marques. Le pays d'accueil devient « son » pays. C'est l'automne ou la phase de routine, d'adaptation. L'étranger voit le pays d'accueil plus objectivement qu'à son arrivée. Il sait composer avec les « défauts » du pays et parvient même à apprécier certaines choses qu'il ne comprenait pas auparavant.
L'intégration ou le retour du printemps
Familiarisé avec le pays, l'expat ne se considère plus comme « celui d'ailleurs » (et ce, même si les locaux peuvent le considérer comme tel). Il s'intègre et se sent intégré dans son pays. Il vit son intégration de manière concrète : il connaît sa ville, sait s'orienter, a des amis, etc. Il est parvenu à composer avec sa famille restée au pays, tout en développant des relations sociales dans le pays d'accueil. Il se sent chez lui. C'est le printemps, le renouveau, la phase de maturité.
Les expats passent-ils forcément par ces 4 phases ?
Il faut tout de suite rassurer celles et ceux qui n'ont pas vécu ces 4 phases émotionnelles : elles ne sont en rien obligatoires. Elles reflètent plutôt des tendances. Il existe des expatriés qui ne vivent pas de choc culturel. D'autres n'ont jamais connu de période de lune de miel. De multiples raisons peuvent expliquer qu'on ne vive pas les 4 phases, ou l'une de ces 4 phases : le parcours individuel, la personnalité, la manière de gérer les émotions, la connaissance ou non de la langue du pays d'accueil, les connaissances que l'on peut avoir sur place, etc.
Autre point important à souligner : les « phases » ou « saisons » n'induisent pas un phénomène cyclique. On ne va pas forcément vivre un éternel cycle de lune de miel/choc culturel/adaptation/intégration. L'expat qui se sent bien dans son pays d'accueil vit comme un local, et ne passe plus forcément par ces phases émotionnelles (qui, on le répète, ne sont pas obligatoires). Il pourra en revanche ressentir des émotions liées non pas à son « statut » d'étranger (il ne se considère plus comme tel), mais à son quotidien : le travail, les factures à payer, le coût de la vie, la vie du quartier, les amis, etc. Mais là encore, rien n'est figé. Il est par exemple possible de se sentir ponctuellement déphasé même après plusieurs années d'expatriation.
Connaître ces 4 phases aide néanmoins à mieux appréhender son expatriation. Si l'on se retrouve confronté au choc culturel, par exemple, on sera mieux armé pour le surmonter. Car, pour certains expats, la crise se produit dès l'arrivée dans le pays d'accueil.
Comment gérer le choc culturel ?
Le choc culturel est traditionnellement défini comme une anxiété générée par le changement d'environnement. Dépaysé, l'expat perd ses repères. Il perd confiance en lui et perd son enthousiasme. L'attractivité du pays d'accueil disparaît. Il est possible de connaître un choc culturel même en déménageant dans un pays culturellement proche du sien.
Pour mieux gérer cette crise, on doit tout d'abord se rappeler que « ça peut arriver ». Relativiser aide à dédramatiser la situation. Car le choc culturel permet de moins idéaliser le pays étranger. Mais l'anxiété bloque l'expat dans une vision 100 % négative du pays (et donc, une vision erronée). Pour rééquilibrer les choses, on peut se renseigner sur le choc culturel avant de partir. On commencera aussi à apprendre la langue, à se renseigner sur la culture… Sur place, on se montrera patient avec soi-même. S'acclimater au nouveau pays prend du temps. Il faut accepter de se remettre en question sans se flageller. Mais si la morosité perdure, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel de santé. Il existe peut-être des raisons sous-jacentes qui expliquent l'état d'anxiété permanente.
Réussir son expatriation : les bons conseils
Pour réussir son expatriation, il faut tout d'abord se demander ce qu'on met derrière le mot « réussite ». Pour certains, c'est avoir un bon travail à l'étranger. Pour d'autres, c'est avoir un cercle d'amis, faire des activités, vivre comme un local. Chacun peut définir la réussite comme il l'entend. Dans le même sens, une expatriation où tout ne se passe pas comme prévu n'est pas un échec, car il est impossible de tout prévoir. Par exemple, perdre son travail à l'étranger n'est pas synonyme d'expatriation ratée.
Pour réussir son expatriation, il faut commencer par relâcher la pression. Il faut bien se préparer, tout en sachant que la meilleure des préparations n'empêchera pas les sorties de route… Elles font aussi partie du parcours. Garder le contact avec sa famille et ses amis est un bon moyen de conserver l'équilibre. Accepter ses sentiments parfois ambivalents permet également d'être équilibré. Oui, tout n'est pas toujours rose dans la vie d'expat. Comme tout le monde, ils connaissent des jours « avec » et des jours « sans ». Comprendre ces quelques notions permettra de mieux vivre son expatriation.