
Les talents étrangers sont particulièrement courtisés par des États qui luttent toujours contre les pénuries de main-d'œuvre et la baisse démographique. En attirant les étrangers qualifiés, ils s'assurent une stabilité économique, mais aussi une croissance pour les années à venir. Quels sont les États les plus avantageux pour les expatriés ? Analyse.
Travailler à l'étranger : les meilleures destinations des expats
Remitly, expert américain des transferts d'argent internationaux en ligne, a récemment publié son Classement mondial des visas de travail (). Le constat est là  : l'expatriation séduit toujours autant. Chez les jeunes actifs, elle est même au centre de leur carrière professionnelle. Car si le marché du travail international est de plus en plus concurrentiel, il offre également des possibilités nouvelles pour les étrangers qualifiés. Face à des pénuries de main-d'œuvre persistantes et à une crise démographique préoccupante, des États assouplissent leurs règles d'immigration afin d'attirer les talents étrangers. Les grandes destinations d'expatriation (Canada, Australie, États-Unis…) restent néanmoins dans le viseur des travailleurs, malgré un durcissement des règles de l'immigration.
Car les candidats à l'expatriation l'ont bien compris : ils restent avantagés s'ils sont qualifiés. C'est vrai au Canada, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Australie ou encore en Nouvelle-Zélande. Nombre de pays se tournent principalement vers les talents étrangers. Pour ces talents, les meilleurs pays où travailler en 2025 demeurent sensiblement les mêmes. On retrouve les grandes destinations d'expatriation, mais aussi la Suisse, l'Espagne, le Portugal, les Émirats arabes unis (EAU), la Nouvelle-Zélande, l'Irlande, Singapour et les Pays-Bas.
Visa de travail : ces pays qui facilitent les démarches pour les travailleurs qualifiés
Les lourdes démarches d'immigration peuvent refroidir les expats les plus motivés. Procédure en ligne inexistante ou laborieuse, nombre excessif de documents/d'interlocuteurs, règles compliquées, longues et fastidieuses… Pour retenir les migrants qualifiés, les États mettent justement en avant la simplicité de leurs démarches d'immigration.
Selon le rapport Remitly, la Lettonie et sa cochent toutes les cases : rapidité d'obtention (10 jours), coût modéré (100 euros), longue durée de séjour (5 ans maximum). Vient ensuite l'Irlande et son , disponible en 28 jours via une , avec des avantages pour les talents étrangers exerçant un . Les frais de visa élevés (entre 500 et 1 000 euros selon la durée du séjour, durée de 5 ans maximum) ne retirent pas l'attractivité de l'Irlande. Démarches également simplifiées en Islande. Le pays profite de sa bonne santé économique (2,9 % de croissance, selon le FMI) pour attirer les expatriés qualifiés. Il leur promet notamment des incitations fiscales avantageuses (25 % de réduction de l'impôt sur le revenu pendant 3 ans).
L'Allemagne (4ᵉ au classement) s'est lancée dans une bataille contre sa lourde bureaucratie. Sa adoptée en juin 2024 facilite les démarches des travailleurs qualifiés. La Carte bleue européenne s'ouvre à un plus grand nombre d'expatriés ; des assouplissements spécifiques sont prévus pour les expatriés exerçant un métier en tension (spécialistes de l'informatique, aides-soignants, etc.). Reste à savoir si le nouveau gouvernement en place conservera les avancées de 2024.
Les États-Unis (), le Royaume-Uni (), l'Espagne (), la Pologne (), le Canada ( demandé depuis l'extérieur) et la °Õ³¦³óé±ç³Ü¾±±ð () sont les autres pays facilitant les démarches pour les étrangers qualifiés.
Réformes de l'immigration : quels changements pour les expats ?
L'élection de Donald Trump accélère-t-elle le durcissement des politiques d'immigration dans le monde ? D'un côté, les États reconnaissent l'importance des professionnels qualifiés étrangers. De l'autre, ils s'engagent à baisser leur nombre d'immigrés (Australie, Royaume-Uni…). Cette ambivalence se ressent dans les réformes de l'immigration.
Canada
Malgré un durcissement de sa politique migratoire, le Canada reste l'un des pays favoris des candidats à l'expatriation. Dans son communiqué du 7 mars 2025, le ministère de l'Immigration rappelle d'ailleurs ses besoins croissants de « main-d'œuvre solide », particulièrement dans la construction, pour répondre à la demande de logements. Il rappelle néanmoins que le contexte actuel, marqué par les annonces de Trump en matière tarifaire, oblige l'État fédéral à « cerner » avec précision les besoins en main-d'œuvre.
Depuis le début de l'année, le Canada a adopté quelques changements concernant les permis de travail ouverts (PTO). Depuis le 21 janvier, les PTO sont limités aux conjoints (mariés ou non) de « certains » travailleurs et étudiants étrangers. Les personnes à charge exclues du PTO restent potentiellement éligibles aux autres .
Royaume-Uni
Depuis le 9 avril, une série de nouvelles règles encadrent le travail des étrangers qualifiés. Pour protéger les migrants qualifiés, la réforme interdit aux employeurs de leur faire payer le coût du parrainage. Les seuils de salaire minimum du visa de travailleur qualifié (Skilled Worker Visa) passeront de 23 200 à 25 000 livres sterling annuels.
Dans la santé, les employeurs seront tenus de recruter d'abord les étrangers présents sur le territoire avant d'en recruter à l'étranger. L'Irlande du Nord, l'Écosse et le Pays de Galles ne sont pas concernés par ce changement. L'exécutif entend renforcer les contrôles pour lutter contre l'exploitation des travailleurs qualifiés et les parrainages abusifs. 513 licences de parrainage ont été invalidées au 4ᵉ trimestre 2024. C'est plus que le nombre de parrainages révoqués pour toute l'année 2023 (377 suppressions).
Autre changement, qui concerne le visa pour les talents internationaux () : désormais, les candidats étrangers doivent présenter un CV et une lettre de motivation démontrant qu'ils ont bien collaboré avec leur référent dans leur domaine d'activité (arts et culture, recherche/monde universitaire, ou technologie numérique). Les migrants ayant remporté un prix prestigieux peuvent postuler directement. Les autres devront fournir une lettre de recommandation.
Australie
La récente réélection du Premier ministre travailliste Anthony Albanese aura-t-elle un impact sur le plan d'immigration (qui durcissait les règles) voté en décembre 2023 ? Non, car ce plan avait justement été acté par le gouvernement Albanese. L'Australie table toujours sur une immigration restreinte et vise principalement les professionnels qualifiés. Son plan 2023-2024 ouvre 190 000 places au sein du programme d'immigrés permanents. Le programme entend lutter contre les pénuries de main-d'œuvre tout en attirant les étrangers qualifiés et très qualifiés.
Le 7 décembre 2024, le programme australien de visas qualifiés a présenté une nouvelle liste de professions qualifiées. Un nouveau visa « compétences recherchées » ( (SID)) a également vu le jour. Ce visa remplace le visa « pénuries temporaires de compétences » (Temporary Skill Shortage visa). L'exécutif australien a également créé un visa réservé aux migrants hautement qualifiés (SID visa Specialist Skills).
France
Un temps envisagée, la nouvelle réforme de l'immigration (une réforme a déjà été actée en janvier 2024) ne semble plus à l'ordre du jour. Si la France veut toujours gagner en attractivité auprès des talents étrangers, elle peine à les retenir. En cause : un contexte économique peu favorable, et des conditions d'immigration jugées contraignantes.
L'enquête 2025 des Besoins en Main-d'œuvre (BMO) de France Travail, organisme public, constate une baisse des projets de recrutements de 12,5 % (-350 000 projets). Presque tous les secteurs sont concernés. Le textile et la construction enregistrent les plus fortes baisses (respectivement -33,5 et -22 %). A contrario, l'hôtellerie et l'agriculture enregistrent des pics de projets d'embauche : mais ces embauches restent principalement saisonnières. Ces baisses de recrutements ne freinent néanmoins pas les pénuries persistantes dans plusieurs professions : médecins, pharmaciens, dentistes, infirmiers, aides-soignants, aides à domicile, ouvriers spécialisés, ou encore couvreurs.
La attira-t-elle plus d'étrangers qualifiés ? Pressé par l'Union européenne (UE), le Sénat a adopté, le 10 mars 2025, un projet de loi concernant l'assouplissement des conditions de délivrance de la Carte bleue européenne (projet adopté en première lecture, avec modifications). Cette réforme est en fait une transposition de la directive européenne du 20 octobre 2021.
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